Découvrez l’avis du Dr Salsano sur Wegovy et Mounjaro : traitements injectables pour l’obésité, efficacité, mécanismes, effets secondaires et suivi.

1. Dr Salsano, pouvez-vous nous donner un aperçu général des traitements médicamenteux comme Wegovy® et Mounjaro® ?

Dr Salsano :
Oui, bien sûr. Wegovy® (sémaglutide) et Mounjaro® (tirzépatide) sont deux médicaments injectables qui agissent sur le système hormonal pour aider à réguler l’appétit, augmenter la sensation de satiété, et ralentir la vidange gastrique. Ils permettent ainsi une perte de poids progressive, mais durable, chez des patients pour qui la modification du mode de vie seul ne suffit pas.

Ces traitements s’inscrivent dans une approche globale, c’est-à-dire qu’ils ne remplacent en aucun cas une alimentation équilibrée, une activité physique adaptée ou un suivi médical régulier. Mais ils peuvent être une aide précieuse, notamment dans les cas d’obésité sévère ou de surpoids compliqué (hypertension, diabète, syndrome d’apnée du sommeil, etc.).

2. Qu’est-ce que Wegovy® exactement ? À qui s’adresse-t-il ?

Dr Salsano :
Wegovy® contient du sémaglutide, une molécule qui mime l’action d’une hormone intestinale appelée GLP-1. Cette hormone joue un rôle dans la régulation de l’appétit et de la satiété. Le médicament est administré par injection sous-cutanée une fois par semaine.

Il est spécifiquement conçu pour la gestion du poids à long terme chez des personnes souffrant d’obésité ou de surpoids associé à des pathologies. En pratique, on constate en moyenne une perte de 10 à 15 % du poids corporel sur plusieurs mois, ce qui peut améliorer significativement l’état de santé général : baisse de la tension artérielle, amélioration du diabète, diminution des douleurs articulaires…

Cependant, il faut noter qu’en France, ce traitement n’est pas encore remboursé dans cette indication, et son coût mensuel peut varier de 150 à 300 €.

3. Et Mounjaro® ? Quelle est sa spécificité ?

Dr Salsano :
Mounjaro® est une autre molécule de la même famille, le tirzépatide, mais avec une particularité importante : il agit sur deux hormones — le GLP-1 comme Wegovy, mais aussi le GIP (glucose-dependent insulinotropic polypeptide), ce qui augmente son efficacité, notamment en matière de contrôle métabolique.

Initialement développé pour les patients diabétiques de type 2, il est aujourd’hui prescrit hors autorisation de mise sur le marché (AMM) pour la perte de poids, avec des résultats parfois encore plus marquants : jusqu’à 20 à 25 % de perte de poids dans certaines études cliniques.

Le coût est comparable à celui de Wegovy, entre 200 et 300 € par mois. Les effets secondaires sont globalement similaires (troubles digestifs légers, fatigue au début), mais bien tolérés dans la majorité des cas.

4. Quelle est votre position en tant que chirurgien de l’obésité sur ces traitements ?

Dr Salsano :
Je considère que ces traitements représentent une avancée majeure dans la lutte contre l’obésité. Ils ouvrent des perspectives pour des patients qui ne peuvent ou ne souhaitent pas avoir recours à la chirurgie, ou pour lesquels une intervention est contre-indiquée.

Cependant, ils ne doivent pas être vus comme une solution miracle. La perte de poids doit toujours être accompagnée d’un changement de mode de vie durable. Et il est important que ces médicaments soient prescrits et surveillés par un professionnel de santé formé à la prise en charge de l’obésité.

Pour certains patients, les traitements médicamenteux peuvent précéder ou suivre une chirurgie bariatrique, dans une stratégie combinée et personnalisée. Mais dans tous les cas, le suivi sur le long terme est la clé de la réussite.

5. Que diriez-vous aux patients qui hésitent à en parler à leur médecin pour venir vous consulter ?

Dr Salsano :
Je leur dirais de ne pas avoir honte d’en parler. L’obésité est une maladie chronique, complexe, multifactorielle, et non une question de volonté personnelle. Aujourd’hui, nous avons plus de moyens qu’avant pour aider les patients à aller mieux, à retrouver leur santé et leur bien-être.

Il est temps de changer de regard sur ces traitements : ils ne sont pas une « facilité », mais un outil supplémentaire, quand ils sont bien utilisés, dans une démarche responsable, encadrée et motivée.

6. Dr Salsano, pouvez-vous nous expliquer plus en détail comment agissent ces traitements sur l’organisme ?

Dr Salsano :
C’est une excellente question, car mieux comprendre comment ces médicaments fonctionnent permet de mieux les utiliser et de mieux les intégrer dans une démarche thérapeutique globale.

Comment agit Wegovy® ?

Wegovy® contient du sémaglutide, une molécule qui imite l’action d’une hormone naturelle : le GLP-1 (glucagon-like peptide-1). Cette hormone est sécrétée dans l’intestin après un repas. Elle a plusieurs rôles, mais son effet principal dans ce contexte est de signaler au cerveau (plus précisément à l’hypothalamus) que l’on a assez mangé. Cela permet de réduire naturellement la sensation de faim.

En plus, Wegovy ralentit la vidange de l’estomac, ce qui donne une impression de satiété plus durable. C’est comme si l’on avait mangé davantage, alors que la quantité réelle a diminué. Cela aide les patients à réduire leur apport calorique sans frustration. Le sémaglutide aide également à mieux contrôler la glycémie, ce qui est particulièrement intéressant pour les personnes souffrant de diabète ou de prédiabète.

En pratique, après quelques semaines de traitement, de nombreux patients rapportent moins d’envies incontrôlées, notamment pour les aliments gras ou sucrés. Cela facilite considérablement le rééquilibrage alimentaire.

Et Mounjaro®, comment agit-il différemment ?

Dr Salsano :
Mounjaro® va plus loin dans le mécanisme hormonal. Il contient une molécule appelée tirzépatide, qui a la particularité de stimuler deux récepteurs à la fois :

• le GLP-1, comme Wegovy,
• mais aussi le GIP (glucose-dependent insulinotropic polypeptide).

Ce double ciblage agit à la fois sur la sensation de faim et sur le métabolisme du glucose et des graisses. En d’autres termes, Mounjaro ne se contente pas de couper l’appétit :
il aide également l’organisme à mieux gérer la glycémie, réduire le stockage des graisses (notamment au niveau du foie), et favorise une combustion plus efficace des calories.

Ces effets combinés en font un traitement particulièrement intéressant pour les patients ayant des troubles métaboliques complexes : diabète de type 2, stéatose hépatique, syndrome métabolique…

Existe-t-il des différences dans la régulation de l’appétit entre les deux médicaments ?

Dr Salsano :
Oui, et c’est ce qui permet d’individualiser les prescriptions selon les profils des patients.

• Wegovy® est très performant pour prolonger la satiété, c’est-à-dire faire en sorte que le patient ressente moins le besoin de manger entre les repas.
• Mounjaro®, quant à lui, semble avoir un effet plus marqué sur la réduction des envies compulsives ou des grignotages, en particulier chez les personnes qui ont des épisodes d’alimentation émotionnelle ou des fringales incontrôlées.

Les deux médicaments ont montré une efficacité impressionnante dans les études cliniques, mais leur réponse peut varier d’un individu à l’autre. C’est pourquoi un accompagnement médical personnalisé est indispensable

7. Dr Salsano, quels sont les effets de ces traitements sur la sensation de faim ?

Dr Salsano :
Wegovy® et Mounjaro® influencent tous deux l’appétit, mais leurs effets sont légèrement différents, ce qui peut orienter le choix thérapeutique.

• Wegovy®, grâce au sémaglutide, agit principalement sur la satiété durable. Les patients rapportent une diminution notable de la sensation de faim entre les repas, ce qui les aide à réduire les quantités sans ressentir de frustration.
• Mounjaro®, de son côté, semble avoir un impact plus marqué sur les envies alimentaires et le contrôle des impulsions alimentaires. Cela peut être un avantage pour les personnes ayant tendance à grignoter ou à manger sous l’effet du stress.

Il ne s’agit pas simplement de « couper la faim » : ces traitements agissent au niveau du cerveau, sur les circuits de la récompense alimentaire. Cela permet un changement durable du comportement alimentaire, à condition que cela soit accompagné d’un suivi nutritionnel.

8. Ces médicaments ont-ils un effet bénéfique sur le métabolisme ?

Dr Salsano :
Oui, c’est un aspect très important et souvent méconnu. Ces médicaments ne font pas que favoriser la perte de poids, ils améliorent profondément le métabolisme.

• Ils réduisent la résistance à l’insuline, un phénomène central dans le diabète de type 2, mais aussi dans la prise de poids abdominale et la stéatose hépatique.
• Ils participent à réduire les triglycérides, à améliorer le bilan lipidique (cholestérol), et parfois même à abaisser la tension artérielle.

Chez des patients présentant un syndrome métabolique ou un risque cardiovasculaire élevé, ces effets peuvent se traduire par une réduction du risque d’accident vasculaire cérébral, d’infarctus, ou de progression du diabète.

9. Que nous disent les études cliniques comparatives sur l’efficacité de ces traitements ?

Dr Salsano :
Les études récentes, très bien conduites, ont permis de comparer Wegovy (sémaglutide) et Mounjaro (tirzépatide).

Résultats des essais cliniques :

• Avec Wegovy, certains patients ont perdu jusqu’à 15 % de leur poids corporel, soit environ 20 à 25 kg selon les profils.
• Mounjaro a montré une efficacité encore supérieure, avec des pertes de poids pouvant atteindre 20 à 25 % du poids initial, notamment chez les patients avec un IMC > 35.

Efficacité à long terme :

• Wegovy permet une stabilisation du poids après 12 à 18 mois, mais un arrêt brutal du traitement peut entraîner une reprise partielle du poids s’il n’est pas accompagné d’un suivi.
• Mounjaro semble offrir des résultats plus durables, même après l’arrêt, probablement en raison de ses effets métaboliques plus profonds.

Analyse comparative :

• Les deux sont efficaces et bien tolérés, mais Mounjaro semble légèrement plus puissant en moyenne. Cela dit, la réponse reste très individuelle, et il faut parfois tester un traitement pour évaluer sa tolérance et son efficacité réelle.

10. Quels sont les effets secondaires à anticiper ? Peut-on les gérer facilement ?

Dr Salsano :
Oui, les effets secondaires sont fréquents mais le plus souvent modérés et transitoires.

Wegovy® :

Les principaux effets secondaires sont :

• Nausées, parfois vomissements,
• Ballonnements, constipation ou diarrhée,
• Fatigue légère au début du traitement.

Ils sont souvent liés à l’adaptation du système digestif et diminuent après quelques semaines. On les réduit en augmentant progressivement les doses, et en adoptant une alimentation douce, fractionnée, et bien hydratée. Environ 4 à 7 % des patients arrêtent le traitement à cause de ces effets, mais avec un bon encadrement, cela reste rare.

Mounjaro® :

Mêmes effets digestifs possibles, mais généralement mieux tolérés. Certaines études montrent une fréquence légèrement inférieure d’effets indésirables par rapport à Wegovy. Cela peut être un critère de choix pour des patients très sensibles.

11. Dr Salsano, utilisez-vous ces traitements chez les patients qui se préparent à une chirurgie bariatrique ou déjà opérés ?

Dr Salsano :
Oui, tout à fait. Ces traitements peuvent être très utiles à deux moments clés du parcours chirurgical : en amont de l’intervention et dans certains cas, après l’opération.

1. En phase de préparation à la chirurgie :

Nous proposons, avec l’accord du patient et en fonction de ses moyens financiers, l’utilisation des analogues du GLP-1 comme Wegovy® ou Mounjaro® pour aider à perdre du poids avant la chirurgie.

Cela concerne en particulier les patients en méga-obésité ou obésité morbide sévère, pour lesquels il est fortement recommandé de perdre 10 à 20 % de leur poids initial avant une intervention comme une sleeve gastrectomie ou un bypass. Cette perte de poids préalable réduit les risques opératoires : anesthésie, complications respiratoires, hémorragie, etc. Elle améliore aussi les conditions techniques pendant l’opération (moins de graisse autour de l’estomac, foie plus petit…).

Ces médicaments sont donc un outil complémentaire à la préparation diététique, à l’activité physique adaptée, et au suivi multidisciplinaire que nous mettons en place.

2. Chez certains patients après chirurgie :

Dans certains cas, nous pouvons aussi utiliser ces médicaments chez des patients déjà opérés (sleeve ou bypass), lorsqu’ils n’ont pas atteint les objectifs de perte de poids, ou en cas de reprise pondérale après plusieurs années.

Encore une fois, cela se fait toujours avec une évaluation personnalisée, et à condition que le patient soit motivé, engagé, et suive le protocole de manière stricte.

Un protocole d’engagement clair :

Pour bénéficier de ce traitement, nous avons mis en place une charte d’engagement, que les patients doivent signer avant de débuter :

• Ils s’engagent à venir en consultation chaque mois (en présentiel ou en visio),
• Ils doivent pratiquer une activité physique encadrée, selon les recommandations de notre coach,
• Et suivre un programme diététique structuré, préparé par notre équipe.

Cette approche encadrée garantit que le médicament ne soit pas utilisé seul, mais bien intégré dans un parcours global, ce qui maximise ses effets et protège la santé du patient.

Le Dr Vincenzo Salsano, chirurgien de l’obésité à Montpellier, nous présente un aperçu complet des traitements médicamenteux de l’obésité à base d’analogues du GLP-1 : Wegovy® (sémaglutide) et Mounjaro® (tirzépatide).

Ces traitements injectables, non remboursés en France à ce jour, permettent une perte de poids significative chez des patients souffrant d’obésité ou de surpoids avec comorbidités. Leur mécanisme repose sur une régulation hormonale de l’appétit et du métabolisme, et leur efficacité a été confirmée par des essais cliniques majeurs.

Le Dr Salsano insiste sur leur utilisation encadrée dans une stratégie globale : alimentation, activité physique, suivi médical. Il précise que ces traitements sont utiles avant une chirurgie bariatrique pour réduire les risques opératoires, et après une opération dans des cas bien sélectionnés (perte insuffisante ou reprise de poids).

Leur efficacité varie selon les profils, avec des résultats légèrement supérieurs pour Mounjaro en termes de perte pondérale et de tolérance digestive. Les effets secondaires sont le plus souvent transitoires et digestifs, et doivent être gérés dans un cadre structuré.

Une charte d’engagement est systématiquement proposée aux patients, les engageant à un suivi mensuel, à une activité physique adaptée, et à un programme nutritionnel personnalisé.

Mécanismes d’action

• Wegovy : cible le récepteur GLP-1 – réduit l’appétit, ralentit la vidange gastrique, stabilise la glycémie.
• Mounjaro : cible GLP-1 + GIP – double action, meilleure efficacité métabolique.

Études cliniques

• Wegovy : perte moyenne de 10-15 % du poids corporel.
• Mounjaro : perte moyenne de 15-20 %, voire plus.
• Les deux sont bien tolérés, avec effets secondaires digestifs transitoires.

Indications chirurgicales

• Utilisés en amont de la chirurgie pour réduire les risques (perte pondérale préalable).
• Utilisés après chirurgie si objectifs non atteints ou reprise de poids.
• Une charte d’engagement est signée : suivi mensuel, activité physique, alimentation structurée.